Ce qu'il faut absolument savoir :
- est au coeur de la vie politique du XIXe .
- Deux notions s'opposent : Herder et Renan .
- Au Moyen-Âge c'est un groupe d'hommes aux origines communes .
- S'affirme avec la guerre de Cent-Ans .
- L'édit de Villers-Cotterêts lance l'idéologie d'Etat-Nation .
- XVIIIe , la notion s'affirme contre l'Ancien-Régime .
- Importance de Siéyès .
- Souveraine à partir de la Révolution .
- L'Assemblée constituante affirme le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes .
- Le découpage des frontières ne tient pas compte des nations .
- Les grecs et les belges lanceront deux révoltes .
- 1848 , date de révoltes .
- Unité italienne en 1870 et allemande en 1871 .
- Les minorités lancent des révoltes .
- Le nationalisme lancera la Ie guerre mondiale .
- La politique nationale d'Hitler lancera la seconde guerre mondiale .
- Le système communiste n'en tiendra pas compte .
Le plus qui fait la différence :
1. Définition de la nation
La nation est davantage une construction idéologique qu’une réalité concrète, ce qui explique la difficulté de lui donner une définition pleinement satisfaisante. Son étymologie est liée à la notion de naissance (nascere). Ainsi, à l’époque médiévale, l’idée de nation renvoie ainsi à un groupe d’hommes à qui l’on attribue une origine commune. Mais la conception moderne de la nation dépasse largement le cadre ethnique ou tribal. Elle trouve plutôt sa source dans un ensemble complexe de liens qui fondent le sentiment d’une appartenance commune. Elle est ainsi à la fois extérieure aux individus, en même temps qu’elle est intériorisée et transmise d’une génération à l’autre. Pour s’imposer, elle suppose également l’existence d’une volonté durable de vivre au sein d’un même ensemble.
Certaines données objectives permettent de définir une nation : le territoire, l’ethnie, la langue, la religion, la culture, l’État. Mais l’idée de nation ne leur est pas réductible. Il existe ainsi des nations plurilingues (ex : la Suisse) ou connaissant plusieurs religions (ex : l’Allemagne). Il y a également des nations sans territoire propre ou d’autres encore qui sont partagées entre plusieurs États. Aussi la nation apparaît-elle d’abord comme une construction politique, dont la fonction est de garantir la cohésion sociale et de faire respecter l’autorité de l’État. Pour ces raisons, l’idée de nation est elle-même liée à l’histoire de chaque pays.
2. Des différences de développement et de conception de l’idée de nation
Elle s’est parfois imposée à partir d’institutions étatiques préexistantes ou, au contraire, a favorisé la construction d’États regroupant des populations précédemment séparées sur plusieurs territoires.
En France et en Angleterre, c’est l’action centralisatrice et unificatrice du pouvoir royal qui a contribué de manière décisive à l’émergence de la nation. Mais le sentiment national, présent chez une élite restreinte, s’est diffusé assez lentement. Il faut en effet attendre la fin du XVe siècle pour que l’idée de nation devienne incontournable en France et en Angleterre. La guerre de Cent ans a soudé les populations dans l’adversité et contribué de manière décisive à l’émergence de l’identité nationale.
Dans d’autres pays, l’idée de nation s’est développée en l’absence d’un cadre étatique unitaire. Ainsi, en Allemagne, l’existence d’une langue et d’une culture commune a permis de concevoir la nation allemande en l’absence de toute unité politique avant 1871. De même, en Italie, le sentiment national a servi de ciment idéologique préalable à l’unification de l’Etat.
La double dimension-objective et subjective- de l’idée de nation trouve un écho dans la formulation à la fin du XVIIIe et au XIXe siècles de deux concepts distincts de la nation par des penseurs français (Renan, Fustel de Coulanges) et allemands (Herder, Fichte), qu’on présente souvent comme la "conception française" et la "conception allemande" de la nation. Herder propose une définition de la nation fondée sur le sol et une langue commune, et Fichte, dans ses Discours à la nation allemande (1807-1808) , insiste sur l’idée de peuple et l’importance de la langue. Ernest Renan, dans sa célèbre conférence de 1882 intitulée "Qu’est-ce qu’une nation ?", pose quant à lui comme critères de l’appartenance nationale "le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis." Selon lui, "l’existence d’une nation est un plébiscite de tous les jours."
3. Etat, nation et État-nation
Réalité historique et politique, objet de réflexion et de débats théoriques, la nation est également devenue depuis la Révolution française une notion juridique à part entière. L’article 3 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 dispose ainsi que "le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément." En application de ce principe, la nation est devenue la source des différents pouvoirs, se substituant au droit divin qui légitimait le pouvoir monarchique. La désignation des détenteurs du pouvoir par le biais de l’élection et le principe d’égalité des citoyens devant la loi et les charges publiques découlent de cette conception de la nation. Celle-ci peut être définie comme le peuple constitué en corps politique, dont la volonté est mise en oeuvre par des représentants élus, sans qu’aucun corps intermédiaire ne puisse y faire obstacle. La constitution du peuple en un corps politique, la nation, détentrice de la Souveraineté, modifie par ailleurs la conception de l’État en le soumettant au principe démocratique. La nation le relie ainsi à la société en lui conférant une légitimité démocratique. Pour cette raison l’État et la nation sont très souvent associés, au point que pour certains toute nation a le droit de disposer d’un État et tout État doit s’appuyer sur l’existence d’une nation. L’existence des États-nations apparaît dès lors comme une conséquence logique du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, dont le principe s’est imposé au XXe siècle dans la conduite des relations internationales. L’État se caractérise alors par la superposition d’une entité politique souveraine avec un ensemble culturel unifié du point de vue linguistique ou religieux.
4. Critiques et remise en cause
Mais l’idée de nation a fait l’objet d’importantes remises en cause. Alors que la Révolution française avait mis en oeuvre une conception unifiée de la nation, s’opposant aux corps intermédiaires et aux pouvoirs locaux qui divisaient les individus et s’opposaient à l’exercice de leur citoyenneté, les inégalités sociales apparues avec la Révolution industrielle ont contribué à nourrir la critique de l’idée nationale. Pour les tenants de la théorie de la lutte des classes, l’idée de nation masque les conflits d’intérêts qui opposent les classes sociales selon leur position dans le processus de production. L’égalité des droits dans le cadre national occulterait ainsi l’inégalité de fait existant entre prolétaires et capitalistes dans les différents États. Aussi le mouvement révolutionnaire s’est-il construit comme un mouvement internationaliste, visant à la suppression des classes, de l’État,... et des nations. Les régimes socialistes européens apparus après la Révolution de 1917 se sont cependant appuyés sur le fait national sans le remettre en cause : l’URSS était ainsi elle-même divisée en Républiques et en communautés autonomes correspondant aux différentes nations composant l’État soviétique.