-Pour Mardi 25 mars:Anne Jacquemin,
La Grèce classique, p.121 à p.130 (Chapitre 6: La vie des hommes).
Résumé IntroductionNous avons plusieurs sources:
-Littéraires (comédies d'Aristophane et deux ouvrages de Xénophon)
-Documentation épigraphique
-Archéologie (fouilles de fermes, d'ateliers de potiers, de bronziers, d'habitat, ...)
-Documents iconographiques (vases, italiotes, ...)
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I. L'agricultureTrilogie méditerranéenne des céréales, de la vigne, et de l'olivier, mais aussi la part des légumineuses, celle des légumes de jardins, et celle des fruits.
Le mode d'exploitation variait selon les structures politiques et sociales des Etats.
Souvent: terre exploitée par des petits paysans propriétaires qui cultivaient leurs domaines avec quelques esclaves.
Mais il existait aussi quelques grands domaines où le travail quotidien des esclaves était surveillé par un intendant.
Selon les périodes et les régions, les paysans habitaient des fermes isolées (réalité fréquente), des villages (dèmes ruraux), mais aussi des maisons dans le centre urbain.
Les fouilles de fermes ont permis de mieux connaître les techniques de transformation des produits agricoles. Certains de ces produits étaient destinés à l'exportation (huile à Athènes, vin à Thasos et à Chios).
Nous avons peu de renseignements sur les prix des produits agricoles. A Athènes à l'époque classique:
1 médimne (52 litres ~) de blé valait environ entre 3 et 6 drachmes.
1 médimne d'olives valait 2 drachmes.
1 métrète (39 litres ~) d'huile d'olive valait environ entre 12 et 18 drachmes.
1 métrète de vin valait environ entre 4 et 5 drachmes.
(Une ration journalière en se fondant sur ce que recevait un soldat= entre 1/2 et 3/4 d'obole).
La pratique de l'élevage est moins bien connue.
-Petit élevage lié à l'agriculture.
-Elevage plus spéculatif lié à l'économie du sacrifice (grande consommatrice d'animaux), mais aussi au monde de la guerre et des concours (éleveurs de chevaux qui formaient une élite dans le monde grec).
Les produits de l'élevage étaient les bêtes (beaucoup lors des sacrifices), le lait et le fromage, la laine et les peaux.
1 boeuf valait environ entre 25 et 30 drachmes.
1 mouton valait environ entre 12 et 20 drachmes.
La pêche et la chasse fournissaient des compléments alimentaires importants.
La pêche est une véritable activité indépendante (en mer, en lac).
La chasse est plus un loisir aristocratique (en forêt et montagne), essentiellement des lièvres et des sangliers, ...
II. L'artisanatUne certaine partie de la production artisanale était due au travail de la maîtresse de maisonavec ses parents et ses esclaves. La femme était capable de diriger l'activité de ses servantes.
Fileuses, tisseuses,...
Vente des produits au marché.
La documentation littéraire et archéologique a fait connaître des petits et des grands ateliers (cordonnier Simon que fréquentait Socrate; Cléon (tannerie); le père de Démosthène (lits et couteaux)).
Le monde du travail était un monde où se côtoyaient hommes libres et esclaves, sans qu'il y eût concurrence.
L'un des domaines d'activité principaux de l'artisanat concernait le travail de l'argile, poterie et coroplathie (vaisselle, récipients de transport et de conservation, ...). L'argile était une matière première fort répendue dans le monde grec (celle d'Athènes, d'une qualité particulière, fit la fortune des potiers du Céramique).
Le travail du métal occupait aussi un certain nombre d'ouvriers. Il existait dans le monde grec des mines d'or (à l'est), d'argent (au sud et à l'ouest). etain et cuivre (servant à fabriquer le bronze), et une grande partie du fer devaient être importés.
Puis la refonte des objets usagés fournissait une matière première plus accessible.
Le fer et le bronze servaient à la fabrication d'armes et d'outils. Les Etats grecs frappaient de l'argent. En cas de détresse, on émettait des monnaies d'or. Idée de monnayage de bronze dans la Grèce balkanique et asiatique (émissions du IVème siècle).
Des sites d'ateliers monnétaires ont été identifiés à l'Agora d'Athènes, et à Thasos on a découvert le même type d'objets. L'Etat devait frapper une monnaie facilement identifiable, ce qui emmenait à la multiplication de types ou à la présence de symboles secondaires.
Les carrières et les mines étaient un grand secteur d'activités. On exploitait les carrières les plus proches, mais certains marbres étaient exportés.
Les spécialisations régionales dans l'emploi de la pierre continuèrent à l'époque classique, mais l'utilisation du marbre se développa à Athènes (construction de l'Acropole et de l'Agora)au point que la cité devint une référence au IVème siècle.
III. Les grands chantiersL'époque classique fut une grande époque de constructions.
On construisait quand on avait des moyens; c'était une manifestation de puissance et de prestige.
-Les constructions dans l'urgence du besoin étaient peu courantes (remparts d'Athènes).
-Les reconstructions immédiates après destruction étaient rares: le cas du temple d'Athena Polias sur l'Acropole d'Athènes qui resta des décennies en l'état d'une semi-ruine n'était pas isolé.
Le maître d'ouvrage prenait une garantie qui allait de 1/10ème à la moitié de la somme en jeu.
Des commissaires s'occupaient du choix des entreprises et veillaient au bon déroulement des travaux en infligeant au besoin des amendes pour retard ou malfaçon.
La main d'oeuvre venait de toute la Grèce, voire parfois du monde barbare. Citoyens, métèques, étrangers de passage et esclaves travaillaient côte à côte pour le même salaire. Ils accompagnaient leurs maîtres qui touchaient leurs salaires.
Parmi les grands travaux, on retiendra:
-Les remparts d'Athènes.
-La reconstruction de la fortification de la ville en 479/8.
-La mise en place du système des longs murs.
-La construction de temples (de Zeus à Olympie, l'Acropole d'Athènes, ...).
-Théatres (sièges en pierre).
-Aménagement de stades et gymnases.
IV. Le commerceLe monde du commerce comprenait les grands commerçants (
emporoi) qui travaillaient de concert avec les armateurs (
nauklèroi) et les petits vendeurs (
kapèloi) actifs à l'Agora.
Le commerce maritime connaît diverses escroqueries (notamment le naufrage organisé d'un navire dont la cargaisonétait loin de correspondre à ce qui avait été déclaré (barattage)).
Les navires changeaient de fret au cours du voyage, transportant du vin, de l'huile ou du blé. (La cité d'Athènes considérait comme une priorité la bonne alimentation des habitants de l'Attique.).
Les prêts pour le commerce maritime étaient de trois à quatre fois plus élevés que les prêts garantis par les terres, à cause des risques naturels (tempêtes, ...) mais aussi humains (pirates, ...).
Dans le petit commerce, on trouve le plus souvent des paysans ou des artisans vendant leur propre production.
Le commerce est l'un des domaines d'activité de l'Antiquité qui a suscité les plus vifs débats. Se sont en effet affrontés les primitivistes, pour qui le commerce grec n'avait jamais dépassé le stade du troc, et les modernistes, pour qui les cités les plus dynamiques du IVème siècle connaissaient une véritable économie monétaire. L'importance qu'Aristote accordait au processus d'acquisition monétaire (
chrèmatistikè technè), le développement des premières banques donneraient raison aux seconds.
Les banquiers, loin de se limiter aux actions de change, faisaient des opétarions avec de l'argent qu'on leur prêtait. Le banquier grec gardait des objets précieux des particuliers (chambres fortes, coffres, ...), mais il ne prêtait pas d'argent sur eux. le banquier venait en aide aux riches qui avaient besoin d'argent frais pour leurs obligations envers la cité (liturgie, impôts, ...).